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De plus ces prétendus faiseurs de miracles veulent qu’on y ajoute foi, & non à ceux que font les autres d’un parti contraire au leur, se détruisant les uns les autres.

Un jour un de ces prétendus Prophêtes nommé Sédécias, se voyant contredit par un autre appellé Michée, celui-là donna un soufflet à celui-ci, & lui dit plaisamment, «[1] Par quelle voie l’esprit de Dieu a-t-il passé de moi pour aller à toi ? » Voyez encore 3. Reg. 18. 40. & autres.

Mais comment ces prétendus miracles seroient-ils des témoignages de vérité, puisqu’il est clair qu’ils n’ont pas été faits ? car il faudroit sçavoir 1o. si ceux que l’on dit être les premiers Auteurs de ces narrations le sont véritablement ; 2o. s’ils étoient gens de probité, dignes de foi, sages & éclairés, & s’ils n’étoient point prévenus en faveur de ceux dont ils parlent si avantageusement ; 3o. s’ils ont bien examiné toutes les circonstances des faits qu’ils rapportent, s’ils les ont bien connues, & s’ils les rapportent bien fidélement ; 4o. si les livres ou les histoires anciennes qui rapportent tous ces grands miracles n’ont pas été falsifiés & corrompus, dans la suite du tems, comme quantité d’autres l’ont été.

Que l’on consulte Tacite & quantité d’autres célébres Historiens, au sujet de Moïse & de sa nation, on verra qu’ils sont regardés comme une troupe de voleurs & de bandits. La Magie & l’Astrologie étoient pour lors les seules sciences à la mode ; & comme Moïse étoit, dit-on, instruit dans la sagesse des Égyptiens, il ne lui fut

  1. II. Paral. 18. 23.