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Christicoles veulent tant se prévaloir, se trouvent également dans toutes les Religions, & par conséquent ne peuvent servir de preuves & de témoignages assurés de la vérité de leur Religion, non plus que de la vérité d’aucune ; la conséquence est claire.

2o. Pour donner une idée du rapport des miracles du Paganisme avec ceux du Christianisme, ne pourroit-on pas dire, par exemple, qu’il y auroit plus de raison de croire Philostrate, en ce qu’il récite dans le 8e. livre de la vie d’Apollonius, que de croire tous les Évangélistes ensemble, dans ce qu’ils disent des miracles de J. C. parce que l’on sçait au moins que Philostrate étoit un homme d’esprit, éloquent & disert, qu’il étoit Secretaire de l’Impératrice Julie, femme de l’Empereur Sévère, & que ç’a été à la sollicitation de cette Impératrice, qu’il écrivit la vie & les actions merveilleuses d’Apollonius ? marque certaine que cet Apollonius s’étoit rendu fameux par de grandes & extraordinaires actions, puisqu’une Impératrice étoit si curieuse d’avoir sa vie par écrit ; ce que l’on ne peut nullement dire de J. C. ni de ceux qui ont écrit sa vie ; car ils n’étoient que des ignorans, gens de la lie du peuple, des pauvres mercenaires, des pêcheurs qui n’avoient pas seulement l’esprit de raconter de suite & par ordre les faits dont ils parlent, & qui se contredisent même très-souvent & très-grossiérement.

À l’égard de celui dont ils décrivent la vie & les actions, s’il avoit véritablement fait les miracles qu’ils lui attribuent, il se seroit infailliblement rendu très-recommandable par ses belles actions ; chacun l’auroit admiré, & on lui auroit érigé des statues, comme on a fait en fa-