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En ce penser et oultre tout cecy,
Pour augmenter mon douloureux soucy,
Continuant le dolent desconfort
Qui durement m’avoit le cueur noircy,
Vint une voix qui me dist tout ainsi :
« Mort de nouveau a fait bien grand effort,
Le duc Françoys et conte de Montfort,
Et Richemont qui tant fut bel et fort,
Est decedé, Dieu le prent à mercy. »
Mais je croy bien que le sçavez au fort,
Pource vous pry d’avoir bon reconfort :
Aultres que vous y ont perdu aussi.

Des plus dolens dessoubz la lune l’un
De ce grant cas qui est à tous commun
Que celle mort nostre bon maistre a prins,
Ce jour je vy nobles clercs et commun
Tant fort pleurer qu’il sembla que chascun
N’eust oncquesmais aultre mestier aprins ;
Si fus de dueil tellement entreprins
Que mon ennuy ne peut estre comprins.
Las ! ce me fut ung trespiteux destin.
Mort, tu as mys grant chose à petit pris,
En jeunesse as nostre prince sourprins ;
Mais tes faitz sont de n’espargner aulcun.