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Et en noz jours ce prince de saigesse,
Le bon duc Jehan, nompareil en largesse,
Ne le print mort par son cruel oultraige ?
Certes si fist, dont amere destresse
A longuement esté nostre maistresse ;
L’avoir perdu nous fut haultain dommaige ;
Fier fut aux fiers, aux bons doulx en couraige,
Prudent en faitz et begnin en langaige ;
Autant valloit qu’ung scelle sa promesse,
Oncques ne fist ung deshonneste ouvraige ;
Des benoistz cieulx lui doint Dieu l’heritaige,
Car à son temps pere estoit de noblesse.

Ainsi ung jour noz meschiefz advisoye,
Et à par moy en y pensant visoye
Que tous tirent à ce piteux trespas ;
És cronicques anciennes lisoye
Par lesquelles maintz hommes devisoye,
Haultz et puissans, qui ont passé le pas,
Et nous mesmes trop plustost que le pas
Allons aprés, de ce ne doubtons pas.
Pourquoy mon cueur de douleur ravysoye
Et luy donnay ung tant piteux repas
Que je perdy de raison le compas,
Tant que ne sceu que je fis ou disoye.