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Tant d’autres cas nous procurent ennuys,
Et la moytié de nostre temps en nuitz
Est employé, dont je meurs, ou bien prés ;
En y pensant, je me tourmente et nuys ;
Pour en yssir ne trouve porte ne huys ;
Ung seul plaisir m’est plus cher que cyprés ;
Et quant je voy et considere aprés
Que celle mort nous poursuit de si prés,
Pensez l’ennuy et le mal où je suys ;
Je vays plourant par chemins, boys et prés,
Et me convient dire par motz exprés :
J’ay beau plourer, aultre chose n’y puis.

Quant bien au fait d’Alexandre je pense,
Si grant seigneur et de telle despence,
Qui du monde fut gouverneur unicque,
C’est à bon droit se ma joye suspence ;
Mon mestier est que je pense et despence,
Chargé de dueil comme homme fantastique.
O roy David, prophéte pacifique,
Sanson le fort, qui tant fus autenticque,
N’avez vous sceu faire à mort recompense ?
O Salomon, saige dit en publicque,
Puisque la mort contre telz gens s’applicque,
Que vaudroit-il en demander dispense ?