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Et s’il estoit à quelcun homme advis
Que follement je feisse telz devis,
Et que je n’aye de me plaindre bon droit,
Je luy supplie qu’il vienne vis à vis :
Il congnoistra que je fauldroye envis
De luy respondre à ce cas et endroit
À mon advis ainsi qu’appartiendroit,
Cause pourquoy ma raison soustiendroit
Que mil hommes autrefois ay veu vifz,
Saintz, gentz, joyeulz, jeunes, et qu’orendroit
Pour nulle rien ung d’eulx n’en reviendroit.
Las ! celle mort trop fait piteux convis.

La guerre avons, mortalité, famine ;
Le froit, lechault, le jour, la nuit nous myne ;
Quoy que façons, toujours nostre temps court ;
Pulces, cyrons et tant d’aultre vermine
Nous guerroyent ; brief, misere domine
Nos meschans corps, dont le vivre est trescourt.
Ung grant mondain ou bien homme de court
Remply d’orgueil sur un beau cheval court,
Qui a jeunesse et d’or toute une myne ;
Diroit tantost que mort n’a sur luy court ;
Croy que si a, et que bien tost accourt,
Dont trompé est si son cas n’examine.