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V
ET LES LUNETTES DES PRINCES

Lunettes, sur lesquelles les contemporains ne tarissent pas d’éloges, éclipsèrent la réputation de ses autres écrits. Des juges bien superficiels ont pu seuls lui attribuer certains ouvrages de François Habert, d’Issoudun, qui prit, à son exemple, le surnom mélancolique du Banni de Liesse; les deux poètes, que près d’un siècle sépare, diffèrent du tout au tout : Meschinot parle la langue encore gothique d’Alain Chartier et d’Eustache Deschamps, Habert est un pur ronsardien.

On a toujours imprimé, à la suite des Lunettes des Princes, un recueil de vingt-cinq ballades, et, depuis la deuxième édition (1494), on n’a pas cessé d’y joindre des Additions, qui renferment des pièces très variées, depuis des vers sur la Passion et une oraison à la Vierge, sous forme d’acrostiche, jusqu’à une complainte sur le trépas de la duchesse de Bourgogne, à une prosopopée de la ville de Nantes qui se plaint de l’interdit, et à une requête très chagrine, en prose, adressée à François II, duc de Bretagne. Les ballades ne sont pas mal tournées, et plus d’une fait penser à Marot, nous n’osons dire à Villon; les additions sont de véritables mélanges où l’auteur passe sans transition d’un cantique à une supplique. Mais ballades et additions sont deux ouvrages absolument distincts des Lunettes, et que nous n’aurions