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DÉDICACE

A ÉMILE VERHAEREN


Verhaeren, nom qui sonne comme un fracas d’armes
Qu’un roi barbare aurait laissé choir dans la nuit,
Verhaeren, glas qui tinte, le soir, et poursuit
Ceux qui sentent entre leurs doigts jaillir leurs larmes!

Verhaeren, tocsin dans la flamme, cris, alarmes,
Ou fanfare éclatant sur la horde qui fuit,
Verhaeren, foudre d’or dont la lande reluit,
Nom terrible où soudain tonnent tous les vacarmes !

Vous évoquez l’effroi, la bataille et la mort
Et la rage de l’homme en lutte avec le sort,
La cité qui flamboie et la forêt qui brûle.

Mais parfois, Verhaeren, votre nom devient doux
Comme un appel de cloche au fond du crépuscule :
Nous écoutons alors rêver l’amour en vous !