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DE L’AMOUR ET DE LA MORT

Laisse-moi, puisque la mort se mêle au plaisir,
Pleurer de trop d’amour, toi qui ris de désir !
Mes larmes te seront douces comme la pluie
Sur la chaleur des fleurs en la belle saison.
Et laisse, avant que l’Amour à jamais s’enfuie
Du silence et de l’ombre de notre maison,
Une nuit où la Mort, malgré notre anathème,
S’en viendra choisir de nous deux celui qu’elle aime,
Ah ! laisse nos cœurs, tels des nids, s’emplir de chants
Qui mourront dans l’aurore où respirent les anges,
Et d’ailes qui, pour avoir fui trop loin des fanges,
Saigneront de là-haut sur les chemins des champs.