Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/225

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE RETOUR DES VIEILLARDS

À René Philipon.

Nous revenons par hordes des défaites et des conquêtes
Et des mers qu’écumèrent les proues de nos vaisseaux,
Nous, les vieillards aux yeux éteints, aux discours sots,
Qui surgissons, la barbe épaisse de sang, à vos fêtes.

Nos pieds se sont meurtris aux cailloux de la route
Quand sur nos boucliers tintait le fer des dards.
Et nos mains tremblent d’avoir haussé les étendards
Vers le soleil, quand tonnait le tambour de la déroute.

Nous nous sommes agenouillés à l’eau luisante des fleuves
Pour y tremper nos fronts brûlés par les étés,
Et nous avons, quand grondait l’incendie des cités,
Bu dans les coupes du Temple l’oubli de nos épreuves.