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Le miracle des blés fait chanter haut l’espoir
Qui dormit tout l’hiver au cœur des vieux semeurs ;
L’on entend dans les sillons remuer des nids jaseurs ;
C’est Pâques des fleurs, c’est Pâques des vies, ce soir !

Que veulent donc me dire la terre, l’air et l’onde
En ce printemps ou je voudrais mourir pour mieux revivre ?
Le Dieu caché me murmure-t-il — comme au poète ivre
Qui dort sur le chemin — le secret de ce monde ?

Ô des baisers de femmes, de flammes et d’abeilles sur mes lèvres !
Donner l’essor à mes prières comme à un tourbillon d’oiseaux !
Laisser s’épandre tous mes désirs au gré du val comme les ruisseaux !
Refleurir, âme et chair, dans les tiges que fait trembler la sève !

Ô Dieu qui te révèles par la lumière qui comme une ombre t’accompagne,
Je veux mourir en toi pour renaître supérieur à moi.
Un peu de sable a coulé comme de l’or entre mes doigts.
Les cloches de la mort sonnent dans la montagne.