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Ici la rivière coule pour nous,
Limpide comme un rêve de vierge,
Sous les saules qui pleurent sur ses berges
Et les nénuphars qui tremblent à ses remous.
Fille des lointaines fontaines,
Elle chante en la solitude des plaines
Où l’ombre est sonore de clarines,
Le retour des troupeaux à leurs toits
Tapis sous la mousse et la chaumine.


Ô sœur, à genoux, et abreuve-toi
D’abord, puis, dans la coupe pâle de tes mains
Laisse-moi boire l’onde froide de l’oubli.


Le son des cloches va mourir dans la nuit,
Et les oiseaux soucieux de demain
Revolent sous la lune à tire d’aile
Vers le clocher, et même la rivière
Semble lente du sommeil de la terre.