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Quelque matin, quand tu te sentiras l’âme plus forte,
Tu baiseras sur ses yeux clos ton Amante qui dort,
Et refermant sur elle et sur ton bonheur la porte,
Tu reprendras le chemin où te guetta la mort.

Et cette fois, sans épée ni cuirasse, tu iras vers les villes,
Ouvrant large les bras comme celui qui sème,
Bénir les hommes mauvais et les femmes viles
Que tu appris à aimer par pitié pour toi-même.

Tes étendards ne se dresseront plus aux poings des hommes de deuil,
Et le bourreau voudra te tuer quand dormira l’armée :
Mais l’Amante, aux nuits de péril, priera pour toi sur le seuil
De la petite maison blanche au fond de la vallée.