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Selon que le soleil se dérobe
Ou se donne aux fruits et aux fleurs.
Mon âme est secouée des fièvres
Que connaissent les vergers à l’aurore.
Le vin d’amour fermente en mon corps
Comme dans les vignes plus douces que le miel.
Et toute la terre, quand je baise tes lèvres,
Me semble, dans le jardin du ciel
Où s’est éteinte la comète des désastres,
Un grain de flamme, d’ambre et d’or
De la grappe infinie des astres !

Et tes yeux, bien-aimée, donne-les-moi !

Je suis plus riche que les rois !
Ils ont les magiques pierreries
Où les fées se sont mirées,
Gouttes de rosée des prairies
Ou gouttes de sang des batailles.
Le passé oublié s’y recrée
Et l’avenir incertain y tressaille.
Les couronnes des rois et leurs trônes
Sont lourds, dépouilles des aïeux,