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Je communie, sous les espèces de ton corps,
Avec l’univers visible et sonore
Et les mondes que je ne verrai jamais,
Et les dieux qui ne sont pas encore nés !

Donne tes lèvres à mes baisers !

Elles ont l’éclat des cerises
Et la saveur fraîche des pommes.
Il me semble que, choisi entre les hommes,
Je récolte, en ce soir plein de brises,
Tous les fruits bien-aimés de la terre.
Les jardins, les bosquets et les treilles,
Je les pille à pleines corbeilles
Quand je baise dans ce lieu solitaire
Tes bonnes lèvres qui sont les miennes.
Crois encore aux légendes anciennes !
Voici Bacchus, qui chante sur la route
Où son ivresse s’égare et doute,
Et Pomone, qui ouvre sa molle robe
À la chute soudaine des fruits mûrs.
Les Saisons sourient ou pleurent,
Douces tour à tour ou dures,