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Et soudain je me sens froid à l’âme
Comme à l’entrée d’une prison infâme
Dont les geôliers ne sauraient dire que des mots
De haine et de mort aux innocents.
Le soleil s’y décolore, et l’encens
A tué le parfum des fleurs
Que tu portais, innocente offrande,
À la vierge cruelle des douleurs,
Celle qu’on a ceinte de guirlandes
Pour la parade des mauvais rêves,
Et dont le cœur saigne à gros grumeaux
Sous la septuple torture des glaives.

Ce ne sont pas tes fleurs qu’il faut
À la féroce idole des prêtres,
Mais le sacrifice de tout ton être
Que j’ai ressuscité, moi, du tombeau :
L’amour dont j’ai fait fleurir tes seins
Comme sous la sève ardente du mois saint,
Le sourire que j’ai réveillé sur tes lèvres
Quand tu râlais, étranglée par les fièvres,
L’espérance que j’ai allumée dans tes yeux
Où se ternissait le souvenir des cieux.