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Nulle main n’a cueilli jusqu’au soir de ce jour
Tes lilas un peu lourds de leur parfum d’amour
Et ta glycine qui, lente, à peine se penche
Sous le faix d’un oiseau sautant de branche en branche.

Nous voudrions rester les heureux prisonniers
Des arbres qui demain empliront tes paniers,
Sœur, et des fleurs qui ont lié de leur guirlande
Les heures du désir aux heures de l’offrande.

Mais la Nuit, dont je sens derrière notre mur
La présence, m’appelle à quelque rêve obscur,
Et dans les chemins creux les Passantes de l’ombre
Se pressent, et le bruit de leurs pas dit leur nombre.

Faudra-t-il te quitter à l’angelus du soir,
Jardin de belle vie et de si bon espoir,
Où, écoutant danser par tant d’enfants la ronde,
Nous avons oublié la souffrance du monde ?