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Fut-ce moi que tu voulus baiser à la place du cœur,
Ou celle qui m’attendait en rêvant à la maison ?
Je ne sais. Mais je n’eus pas peur. Et je fus ton vainqueur,
Ô Mort qui méditais contre nous une trahison.

*

Mais reviens à ton heure choisie. La porte sera ouverte,
Et le chien n’aboiera pas au silence de tes pas.
Une lampe luira derrière les persiennes vertes,
Et celle que j’aime, si elle le voit, ne criera pas.

Car nous te savons pitoyable, ô semeuse de pavots
Qui chuchotes, en faisant des signes, de si divins secrets.
Même si ta promesse est vaine, elle vaut
Tous les mensonges dont la Vie nous a leurrés.

Certes, nous irons jusqu’au bout de nos années
Sans emplir la maison du bruit vain de nos plaintes.
L’heure de l’œuvre finie n’est pas encore sonnée,
Et nous accomplirons notre destin sans crainte.