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combattue occasionne l’espérance, qui semble nous ouvrir des lieux et des temps innombrables : en effet la sagesse règne, et notre âme aspire à s’en former une idée confuse après beaucoup d’épreuves et de vicissitudes. Ainsi, le cours des journées amène différents sujets d’instruction, pour que l’incapacité morale diminue. Quelques-unes de ces leçons particulières ne se renouvelant pas, si nous en avons perdu le sens, ce sera pour nous un grand mal. Il est d’autres torts… » (Suit la page 461 de l’édition 1830-34).

Ajouté en 183(3, avril, fin de la 24e (très travaillé). « Puissance des souvenirs, qu’annoncez-vous ? Que la pensée, à qui le temps est nécessaire, n’est pas le jouet du temps, et qu’elle a des conséquences moins mobiles. Tout ce qui jamais nous a parlé de l’avenir avec force, avec grandeur, laisse en nous des traces ineffaçables, et l’homme n’est pas le seul qui ait ce pouvoir. Ceux que je chérissais le plus dans mon enfance se plaisaient à écouter le malin le rossignol sous ses humides ombrages. Je n’ai jamais compris de la même manière ce chant varié. Mais plus tard j’ai connu ce qu’il a de surprenant. J’ai entendu le soir à la lueur des astres, sous le ciel calme, ces accents mesurés, simples, solennels, se répéter en s’affaiblissant, comme le soupir qui dans sa fatigue et sa pureté monterait vers l’inconnu. Qu’importe que ce ne soit pas un d’entre nous qui paraisse s’élever ainsi. La voix même d’une femme jeune et détachée des égarements de la terre ne ferait pas toujours autant d’impression. Qu’importé le moyen dont se sert la sagesse ! Quand l’âme est subitement émue, le nuage s’entr’ouvre, et d’inexprimables clartés s’introduisent dans les profondeurs où toutes choses sont possibles. Le désir de l’homme a des éclairs, et mal dirigé il consume. Que veut-il ? Que présage-t-il ? Mobile et indomptable, souvent puéril, téméraire et passionné, plus religieux quelquefois ou plus mystérieux, après s’être égaré sur la terre il grandira dans l’espace. Durant nos heures inquiètes, tout le retient ; mais la puissante harmonie des nuits heureuses l’anime, et il demande l’infini. Là est le but inaccessible et nécessaire. Le désirer perpétuellement avec une perpétuelle espérance, ce serait une noble destinée, ce qui paraît suspendu s’accomplira. »

La 25e Méditation (de l’indulgence, de l’équité) présente beaucoup de retouches ; des notes mal jointes montrent Sénancour préoccupé des faits de télépathie, de double vue, des songes.