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cicatrice qu’il porte sur le sourcil et sur une partie de la joue. Il est très-extraordinaire qu’il n’ait pas perdu l’œil en recevant cette blessure. Sa tête était rasée, suivant l’usage presque général, et il portait un bonnet d’agneau noir : ses vêtemens étaient assez vieux, mais encore très-propres.

En entrant dans ma chambre, il me donna la lettre du voivode et s’assit sans cérémonie. Quand j’eus fini de lire : vous parlez donc l’illyrique, me dit-il d’un air de doute assez méprisant. Je lui répondis sur-le-champ dans cette langue que l’entendais assez bien pour pouvoir apprécier ses chansons, qui m’avaient été extrêmement vantées. Bien, bien, dit-il ; mais j’ai faim et soif : je chanterai quand je serai rassasié. Nous dinâmes ensemble. Il me semblait qu’il avait jeûné quatre jours au moins,