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en réputation. Mon ami, l’estimable voivode Nicolas ***, avait rencontre à Biograd, où il demeure, Hyacinthe Maglanovich, qu’il connaissait déjà, et sachant qu’il allait à Zara, il lui donna une lettre pour moi. Il me disait que, si je voulais tirer quelque chose du joueur de guzla, il fallait le faire boire ; car il ne se sentait inspiré que lorsqu’il était à peu près ivre.

Hyacinthe avait alors près de soixante ans. C’est un grand homme, vert et robuste pour son âge, les épaules larges et le cou remarquablement gros ; sa figure est prodigieusement basanée ; ses yeux sont petits et un peu relevés du coin ; son nez aquilin, assez enflammé par l’usage des liqueurs fortes, sa longue moustache blanche et ses gros sourcils noirs forment un ensemble que l’on oublie difficilement quand on l’a vu une fois. Ajoutez à cela une longue