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la prononcerais à mes risques et périls pour l’amour d’elle.

D’abord sa bonté naturelle lui fit craindre de me brouiller avec le ciel ; mais bientôt, la peur de la mort l’emportant, elle me pria d’essayer ma conjuration. Je savais par cœur quelques vers français de Racine ; je les récitai à haute voix devant la pauvre fille, qui croyait cependant entendre le langage du diable. Puis frottant son cou à différentes reprises, je feignis d’en retirer une petite agathe rouge que j’avais cachée entre mes doigts. Alors je l’assurai gravement que je l’avais tirée de son cou et qu’elle était sauvée. Mais elle me regarda tristement et me dit : « Tu me trompes ; tu avais cette pierre dans une petite boîte, je te l’ai vue. Tu n’es pas un magicien. » Ainsi ma ruse lui fit plus de mal que de bien. Dès