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jour au milieu de cette foule enragée et à me placer auprès de la fosse.

L’exhumation dura long-temps. Comme chacun voulait y avoir part, on se gênait mutuellement, et même plusieurs accidens seraient arrivés sans les vieillards, qui ordonnèrent que deux hommes seulement déterreraient le cadavre. Au moment où on enleva le drap qui couvrait le corps, un cri horriblement aigu me fit dresser les cheveux à la tête. Il était poussé par une femme à côté de moi : « C’est un vampire ! il n’est pas mangé des vers ! » s’écriait-elle, et cent bouches le répétèrent à la fois. En même temps vingt coups de fusil tirés à bout portant mirent en pièces la tête du cadavre, et le père et les parens de Khava le frappèrent encore à coups redoublés de leurs longs couteaux. Des femmes recueillaient sur