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est parti de Banialouka4 avec deux mille Bosniaques pour nous livrer bataille ; mais aussitôt que leurs sabres courbés ont brillé au soleil, aussitôt que leurs chevaux ont henni sur la colline de Zenitza-Velika, les Dalmates, ces misérables poltrons, ont pris la fuite et nous ont abandonnés. Alors nous nous sommes serrés en rond et nous avons environné le brave bey Radivoï. « Seigneur, nous ne vous quitterons pas comme ces lâches, — mais Dieu aidant et la sainte Vierge, nous rentrerons dans notre pays, et nous raconterons cette grande bataille à nos enfans. » Puis nous avons brisé nos fourreaux5. Chaque homme de notre armée en valait dix, et nos sabres étaient rougis depuis la pointe jusqu’à la garde. Mais, comme nous espérions repasser la Cettina, le selichtar6 Mehemet est venu fondre sur nous avec mille