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NOTES.

1. L’amitié est en grand honneur parmi les Morlaques, et il est encore assez commun que deux hommes s’engagent l’un à l’autre par une espèce de fraternité nouvelle. Il y a dans les rituels illyriques des prières destinées à bénir cette union de deux amis qui jurent de s’aider et de se défendre l’un l’autre toute leur vie. Deux hommes unis par cette cérémonie religieuse s’appellent en illyrique pobratimi, et les femmes posestrime, c’est-à-dire, demi-frères, demi-sœurs. Souvent on voit les pobratimi sacrifier leur vie l’un pour l’autre, et si quelque querelle survenait entre eux, ce serait un scandale aussi grand que si, chez nous, un fils maltraitait son père. Cependant comme les Morlaques aiment beaucoup les liqueurs fortes et qu’ils oublient quelquefois dans l’ivresse leurs sermens d’amitié, les assistans ont grand soin de s’entremettre entre les pobratimi, afin d’empêcher les querelles toujours funestes dans un pays où tous les hommes sont armés.