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et tomber par terre de frayeur devant un Heyduque très-âgé qui le regardait. On me dit qu’il était sous l’influence du mauvais œil, mais que ce n’était pas la faute du Heyduque, qui tenait son mauvais œil de la nature, et qui même était fort chagrin de posséder ce redoutable pouvoir. Je voulus faire sur moi-même une expérience. Je parlai au Heyduque et le priai de me regarder quelque temps ; mais il s’y refusa toujours et parut tellement affligé de ma demande, que je fus forcé d’y renoncer. La figure de cet homme était repoussante, et ses yeux étaient très-gros et saillans. En général, il les tenait baissés ; mais quand, par distraction, il les fixait sur quelqu’un, il lui était impossible, m’a-t-on dit, de les détourner avant que sa victime ne fût tombée. Le jeune homme qui s’était évanoui