pas ! Il faudra que je vous les change, dit Chaverny, tout à fait déconcerté.
Pendant le reste de la route la conversation ne prit pas plus de vivacité ; de part et d’autre on n’alla pas plus loin que la réplique.
Les deux époux arrivèrent enfin rue ***, et se séparèrent en se souhaitant une bonne nuit.
Julie commençait à se déshabiller, et sa femme de chambre venait de sortir, je ne sais pour quel motif, lorsque la porte de sa chambre à coucher s’ouvrit assez brusquement, et Chaverny entra. Julie se couvrit précipitamment les épaules. — Pardon, dit-il ; je voudrais bien pour m’endormir le dernier volume de Scott… N’est-ce pas Quentin Durward ?
— Il doit être chez vous, répondit Julie ; il n’y a pas de livres ici.
Chaverny contemplait sa femme dans ce demi-désordre si favorable à la beauté. Il la trouvait piquante, pour me servir d’une de ces expressions que je déteste. C’est vraiment une fort belle femme ! pensait-il. Et il restait debout, immobile, devant elle, sans dire un mot et son bougeoir à la main. Julie, debout aussi en face de lui, chiffonnait son bonnet et semblait attendre avec impatience qu’il la laissât seule.
— Vous êtes charmante ce soir, le diable m’emporte ! s’écria enfin Chaverny en s’avançant d’un pas et posant son bougeoir. Comme j’aime les femmes avec les cheveux en désordre ! Et en parlant il saisit d’une main les longues tresses de cheveux qui couvraient les épaules de Julie, et lui passa presque tendrement un bras autour de la taille.
— Ah ! Dieu ! vous sentez le tabac à faire horreur ! s’écria Julie en se détournant. Laissez mes cheveux, vous allez les imprégner de cette odeur-là, et je ne pourrai plus m’en débarrasser.
— Bah ! vous dites cela à tout hasard et parce que