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Pondant les premiers jours qui suivirent la Saint-Barthélemy, Mergy fut visité régulièrement dans sa retraite par son frère, qui lui apprenait chaque fois de nouveaux détails sur les scènes horribles dont il était témoin.

— Ah ! quand pourrai-je quitter ce pays de meurtres et de crimes ? s’écriait George. J’aimerais mieux vivre au milieu des bêtes sauvages que de vivre parmi les Français.

— Viens avec moi à La Rochelle, disait Mergy ; j’espère que les massacreurs ne l’ont point encore. Viens mourir avec moi, et faire oublier ton apostasie en défendant ce dernier boulevard de notre religion.

— Eh ! que deviendrai-je ? disait Diane.

— Allons plutôt en Allemagne ou en Angleterre, répondait George. Là, du moins, nous ne serons pas égorgés, et nous n’égorgerons pas.

Ces projets n’eurent pas de suite. George fut mis en prison pour avoir désobéi aux ordres du roi ; et la comtesse, tremblant que son amant ne fût découvert, ne songea plus qu’à lui faire quitter Paris.



CHAPITRE XXIII.

LES DEUX MOINES.


« Lui mettant un capuchon ;
« Ils en firent un moine. »

Chanson populaire.


Dans un cabaret, sur les bords de la Loire, à peu de distance d’Orléans, en descendant vers Beaugency, un jeune moine en robe brune garnie d’un grand capuchon qu’il tenait à demi baissé était assis devant une table, les