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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

Tresten eut un nouveau haussement d’épaules.

— C’était à prévoir pour quiconque s’est occupé de l’affaire. Cette fille-là se soucie de lui comme de sa dernière chemise. Elle s’est présentée à nous avec un calme parfait, comme à une leçon de danse ; elle a juré ne s’être jamais liée à lui par serment et s’est même moquée de lui, vous m’entendez ! À juger de son attitude à mon endroit, je ne doute pas qu’elle ne l’eût insulté, s’il se fût trouvé à ma place.

— Je ne sais pas. Elle peut faire, loin de lui, ce qu’elle n’oserait pas faire sous ses yeux, corrigea la baronne. Le sort en est jeté, alors ?

— Absolument.

— Va-t-il venir ce soir ?

— Je ne le crois pas.

— Elle a été vraiment insolente ?

— Pour une jeune fille dans sa situation, oui.

— Vous lui avez rapporté les paroles d’Alvan ?

— En partie.

— En quoi consistait son insolence ?

— Elle a parlé de sa vanité…

— Et puis… ?

— C’était plutôt sa manière d’être avec moi qui, des deux, représentais l’ami d’Alvan. Envers Störchel, elle a fait montre d’une politesse relative, et cette différence d’attitude devait être préméditée, car non seulement elle le regardait de façon à bien faire sentir la distinction, mais au moment où nous tournions les talons, c’est à lui qu’elle s’est adressée, avec une certaine vivacité, pour lui dire qu’elle lui écrirait à lui, et lui ferait tenir sa réponse par lettre. Je lui promets un beau bavardage de coquette.

— Cela paraîtrait monstrueux si rien pouvait