Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/219

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
LES COMÉDIENS TRAGIQUES

gré. Oui, gardons Paris pour la fin ; c’est au début d’octobre que nous y rencontrerons le plus de connaissances.

Il avait quitté Tresten et poursuivait son monologue, continuant à se leurrer de bonne foi. Poète d’un auditoire imaginaire, il avait demandé la parole et pérorait sur les goûts de Clotilde, sur la lune de miel, le voyage, toutes les distractions qu’il lui procurerait dans les vallées pyrénéennes, dans les théâtres et les salons de Paris. Elle était friande de chocolat et de bonbons ; elle aimait la pâtisserie fine et goûtait le bon vin. En tout, il lui donnerait ce qu’il y a de mieux ; il connaissait à Paris, les meilleurs endroits, confiseurs et restaurants aussi bien que modistes. Un gai souvenir animé de bavardages féminins lui fournissait des noms et des adresses qui serviraient fort à Clotilde. Il lui présenterait acteurs et actrices, directeurs de théâtres et hommes de lettres célèbres, la crème de Paris. Et la récompense de tous ces soins ? La pensée de lèvres mi-closes cherchant à s’acquitter envers lui lui faisait sauter le cœur dans la gorge.