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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

terre et une République. D’ailleurs, je me sens de taille aujourd’hui à affronter une tempête de neige. Les Andes ni l’Himalaya ne me feraient peur ! La République, par parenthèse, est bien petite, dans son entourage de royaumes et d’empires, pour qui la mesure en surface. Vous vous rappelez comme on rit, quand on vous dit la hauteur exacte de l’Olympe ? Cela n’empêchait pas l’aigle de Zeus de s’y poser, et je vous mets au défi de trouver une montagne plus haute que l’Olympe, que l’Olympe d’Homère, quand nous savons que cet aigle-là y fait son aire. Voilà une leçon pour nos jeunes républicains : ne pas s’abandonner à un matérialisme inerte sous prétexte qu’ils ont dû recourir à des armes matérielles pour frayer leur chemin et n’ont trouvé nulle autre aide. Mortelle erreur : de tout temps, l’arme la plus efficace fut et reste l’arme spirituelle. Ils sont fils d’une idée et renient leur origine quand ils raillent l’idéalisme. C’est une tendance dont il faudra nous méfier : ne point préparer notre lampe, ce serait nous replonger dans la nuit. Mais elle vous attend. Allez ; vous me retrouverez ici. Et n’oubliez pas mes instructions. L’entrevue pour cet après-midi, pas trop tard. L’approche du soir me ferait penser à la descente d’Orphée aux enfers, et c’est une femme vivante que je veux revoir, pas une ombre transparente comme un rai de lumière au fond d’une caverne. Seigneur ! Rongée de lichen ! Mettons trois heures ; pas plus tard. Il faut que cette affaire soit réglée au plus tôt et que j’y voie clair ; j’en suis excédé et j’aurai aussi des dispositions à prendre ; mille petites choses ; il faudra sans doute que je télégraphie à Paris ; elle aime Paris, et il faut que je sache qui