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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

XIV

Vers la fin de la journée, Alvan put, en personne, informer la baronne qu’il avait fini, après une lutte de plusieurs heures, par avoir raison du père de Clotilde. Le général n’avait pas cédé sur tous les points, mais on pouvait se contenter de ce que lui avait évidemment arraché la terreur de l’homme qui avait enjôlé le comte Hollinger. Il était entendu que Tresten et Störchel se présenteraient le lendemain matin devant Clotilde, pour apprendre de sa bouche si elle accédait ou non au désir d’Alvan et consentait à une rencontre préalable et sans témoins avant l’entrevue officielle en présence du notaire. C’est devant ce mandataire du comte Hollinger et selon son arrangement amiable que Clotilde devait publiquement affirmer sa volonté et son libre choix.

— Elle me verra et ce sera chose faite ! conclut Alvan. Mais que d’efforts, que d’efforts ! pour arracher cette promesse. Six heures durant, sans arrêt, j’ai dû parler à ce père qui me rappelle un ours en cage que j’ai vu un jour dans une ménagerie ambulante : la bête se refusant à faire ses tours pour l’édification des gamins que nous étions, il fallut