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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

une pression sur lui ; tout Juif et tout démagogue qu’il fût, il semblait posséder le secret d’une sorte de fascination diabolique et le monde s’accordait, en général, à approuver la prétention de ce fougueux amoureux à une entrevue avec Clotilde. Aux dernières nouvelles, il avait obtenu audience, dans la capitale, du supérieur hiérarchique de Rüdiger. Le général s’inquiéta alors de ses défenses avec assez de pénétration pour comprendre que la soumission imposée à sa fille en constituait le point le plus faible.

Sur ces entrefaites, un messager apporta pour Clotilde la réponse de la baronne. Le général réfléchit longuement avant de se décider à la lui remettre. Il ne goûtait guère l’idée d’une lettre adressée par une telle personne, sans pouvoir supposer, d’ailleurs, l’effet qu’elle allait produire sur sa fille. Il ignorait, il est vrai, le noble style de la lettre de Clotilde à la baronne. Il stipula que toute réponse devrait passer par ses mains, et Clotilde finit par entrer en possession de la lettre tant attendue. Elle tenait la médiatrice, la véritable médiatrice, et l’épée pour trancher le nœud gordien. C’était bien l’intervention d’Alvan.