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Le mot de « fantaisiste » prend dans les bouches anglaises un tel accent de dédain, qu’on pourrait y voir une arme réservée, par ses bons et durables services, au mépris de graves critiques pour les œuvres d’imagination. Mais à regarder de plus près, on s’aperçoit qu’en dehors des héros de romans et des poètes, nombreux sont ceux qui peuvent prétendre à l’épithète, et qu’entre toutes, l’une des premières places, sinon la plus éminente, revient à la Nature. Où qu’elle trouve à boire son soûl de soleil, elle procède en fantaisiste. Quant à ce vaisseau vagabond, au pilote ivre, à l’équipage rebelle et au capitaine forcené qu’on appelle Nature Humaine, le terme de fantaisiste ne lui sied pas moins étroitement qu’au crâne de l’impétueux bébé continental le bourrelet de paille tressée.

Nos sympathies, semble-t-il, seront plus larges, notre sens critique plus aiguisé, si acceptant d’emblée le fait, nous le tenons pour partie de nous-mêmes et digne de notre étude.

Le couple de comédiens tragiques dont il va être ici question semblent avoir pris le mot pour emblème