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CHAPITRE IV

— Vous m’excitez à vivre !

Il s’en allait à regret. Clara Middleton ne l’avait point étudié, ne le connaissait pas comme Lætitia Dale.

Lætitia se prit à penser qu’il lui plaisait de jouer à chat et souris. Elle ne l’avait point excité à vivre, sinon elle se fût émerveillée de voir combien il était sincère.

Lorsqu’elle se retrouva au chevet de Lady Patterne, elle obtint un éclaircissement qui lui eût permis de le sonder, si elle avait pu réfréner ses sentiments. La vieille lady glissait à la confidence affectueuse en parlant du seul objet qui lui tînt à cœur, son fils : Oui, ma chère, voici une fille éblouissante. De l’argent, de la beauté et de la santé ! Ce sera une belle union. Je prie et j’espère pour que cela se fasse ! Nous ne commençons à voir clair que lorsque nos yeux s’obscurcissent. Et je me demande si l’argent, la santé et la beauté des deux parts n’ont pas été la mutuelle attraction. Déjà la chose fut essayée ; cette petite Durham fut honnête, n’importe ce que l’on peut en dire. Je désirais pour lui une compagne plus réfléchie, mieux en état de l’apprécier, avec un autre genre de richesse et de beauté. Constance fut honnête, elle s’enfuit à temps ; il aurait pu arriver quelque chose de pire. Et voici que s’ouvre le même chapitre, et le même genre de personne apparaît, peut-être, pas tout à fait aussi honnête. Et moi je ne verrai pas la fin. Promettez-moi que vous serez toujours bonne pour lui, l’amie de