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CHAPITRE IV

de le voir vivre avec elle à Patterne, tout en reconnaissant qu’il agirait avec sagesse de résider à Londres.

Un jour, Sir Willoughby, de la manière tranquille dont il avait coutume, l’informa qu’il était devenu un hobereau, un gentleman campagnard. Il avait déserté Londres, qu’il abominait comme étant un lieu d’enterrement pour toute individualité. Il entendait vivre dans ses propriétés, comptant sur son cousin Vernon Whitford pour l’aider à les administrer. Et aussitôt il devint très amusant en décrivant les essais de son cousin qui voulait vivre par la littérature, et ajouter ainsi à un maigre revenu de quoi passer ses deux mois habituels dans les Alpes. Avant son grand voyage, Willoughby parlait avec dérision de l’esprit de Vernon ; et l’on n’ignorait pas que Vernon avait blessé son orgueil de famille par quelque acte extravagant. Mais depuis leur retour, il rendait hommage aux talents de Vernon, et semblait incapable d’agir sans lui.

Le nouvel arrangement fournit à Lætitia un compagnon pour ses promenades. Cheminer à pied était pour Willoughby une rude tâche ; lorsqu’il en parlait, cela sous-entendait la volonté d’exécuter à cheval toute prouesse. Mais elle n’avait pas de cheval. Tandis qu’il chassait, Lætitia et Vernon marchaient, et tout le voisinage tira de ces circonstances des déductions, jusqu’à ce que les ladies Éléonore et Isabelle Patterne l’eussent plus souvent invitée à les accompagner en