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CHAPITRE IV

Elle renvoya les enfants chez eux. Cueillir des primevères, était à présent un rude travail, une besogne fatigante. Elle aurait préféré que son étoile ne fût pas descendue du ciel sur la terre, tant sa présence l’agitait ; mais son enthousiaste patriotisme était comme cet abri qui au printemps s’élève contre les ardeurs de l’Orient, adoucit l’air, provoque des nuances nouvelles, fait fluer la vie ; et ses pensées, en étonnement, se portèrent sur la conduite de Constance Durham. Ce fut la manière de Lætitia de revenir à sa faiblesse. Elle aurait voulu injurier cette femme qui avait pu faire de la peine à ce magicien bénévole, ce pathétique exilé, au visage aristocratique hâlé par le soleil, aux yeux scrutateurs. Comme ses yeux scrutaient ! L’inanition patiente s’éveilla à l’idée du festin. Le sens de la faim s’alluma, l’espoir vint et la patience s’enfuit. Elle aurait voulu bannir l’espoir et garder la patience. Mais son sang raisonnait : « Il ne se peut que ce soit toujours l’hiver. Il faut l’excuser ! » À la chaleur restaurée, elle devait être convaincue que le retour de Willoughby marquait la fin de l’hiver. Il avait à parler à son père, en particulier ! avait-il dit : Qu’est-ce que cela voulait dire ? Elle n’osait aller plus loin.

Lorsqu’ils se revirent, il l’appelait : « Miss Dale. »

Une semaine plus tard il était enfermé avec son père.

Le soir de ce jour fécond, Mr Dale fit l’éloge de Sir Willoughby, comme propriétaire. Un nouveau bail