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CHAPITRE IV

peuple, sans doute : Adieu ! Je dus entraîner ce bon Vernon. Il avait formé de sérieux projets d’établissement, des idées d’alliance ». Passant sur quelques traits d’insolence, de ses rôles, Willoughby s’en tirait galamment. Le Président, inconsciemment ou non, se montra incivil, mais on sait d’où il vient ! Après ces interjections, placables battements de la queue léonine à l’adresse de la dominatrice Albion, qui n’en attendait pas moins de lui, Willoughby prit congé d’un pays aux manières étranges ; et dorénavant il ne parla de l’Amérique qu’avec respect ; la queue léonine méditativement en trompette. Ses voyages lui profitèrent. Le fait est que des cousins arrivés aux grandeurs deviennent bien agressifs si on ne les apaise. Que le ciel prévienne une collision entre cousins|

Après une absence de trois ans, Willoughby revenait dans son Angleterre. Par un doux matin d’avril, le dernier jour du mois, il roulait en voiture le long des allées de son parc, et par bonheur ! la première figure amie qu’il rencontrait, ce fut Lætitia. Elle courait d’une pelouse à l’autre, entourée d’une bande d’écolières, cueillant des fleurs sauvages pour le jour de mai qui tombait le lendemain. Il sautait à terre, lui saisit la main. « Lætitia Dale ! » disait-il. Il haletait. « La douceur du pays natal, c’est vous ! Vous vous portez bien ? » Durant l’anxieuse question il la regardait dans les yeux. Il y trouvait l’homme qu’il cherchait. Il lui pressait la main passionnément et