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L’ÉGOÏSTE

Patterne. Entre Sir Willoughby et Miss Dale, il n’y avait plus d’obstacle. Ce fut une histoire plaisante et romanesque qui mit, dans le populaire, en bonne posture le favori du comté. Le choc d’étonnement occasionné par la conduite de Miss Durham, fit passer le choix d’une jeune fille pauvre et l’on convint qu’un tel gentleman ne pouvait être piteux. Constance fut dénommée : « Cette folle ! » On découvrit à Lætitia des mérites abondants et nouveaux. Elle était juste ce qu’il fallait à Patterne : une lady Willoughby qui animerait le château, en bannirait la mortelle tristesse, par son charme, sa vivacité, son exquis savoir-vivre. Elle parut souvent au château sur l’invitation expresse de Lady Patterne. Quoique officiellement pour le comté, Willoughby fût absent, il se montrait pourtant dans ses occurrences. Et il s’occupait dans son laboratoire, ayant pris les travaux scientifiques à cœur, ne parlant que de cela. La science, seule, affirmait-il, mérite en ce monde qu’on se dévoue. Mais cette remarque ne pouvait s’appliquer à Lætitia dont il se montrait l’adorateur courtois, en homme qui a rompu les liens qui l’attachaient dans un embrouillement, pour revenir à la dame de ses premières et fortes affections.

Quelques mois de fleurette s’ensuivirent, puis l’intervalle de cent, prescrit par la circonstance, étant écoulé, Sir Willoughby Patterne quitta son pays natal pour aller faire le tour du globe.