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CHAPITRE III

Comme ils se quittaient, Willougbhy promit à Lætitia de revenir le lendemain. Il ne vint pas. Elle put l’excuser après avoir entendu le récit.

Un lamentable récit. Il avait chevauché vers la maison de Sir John Durham, à une distance de trente milles. En arrivant, il apprit que Constance avait déserté le toit paternel. Deux jours auparavant, elle avait prétexté une visite à faire à une tante de Londres. Puis elle avait écrit qu’elle était la femme du capitaine Oxford, hussard et président du mess de l’un de ses frères. Une lettre du mari attendait Willoughby au château. Il était revenu la nuit, ne ménageant pas son cheval, galopant dans la rage du terrible coup. Ce fut la nuit du samedi. Le lendemain, c’est-à-dire le dimanche, il rencontrait Lætitia dans son parc, la conduisait à l’église, l’accompagnait encore à la sortie, et le jour d’après, précédant sa disparition pendant quelques semaines, il se promenait avec elle sur la route en vue de tous les carrosses qui passaient.

Comme l’on voit, sinon avec considération, du moins par grande fortune, il fut lâché par Miss Durham. En homme d’honneur il ne pouvait en prendre l’initiative, mais la frénésie d’une fille jalouse devait précipiter cette solution. Son indifférence, combien peu il en souffrait, se révélait au monde clairement. Et le bruit se répandit que Miss Durham c’était le choix de sa mère, à l’encontre de l’inclination de son cœur et que finalement il avait convaincu Lady