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L’ÉGOÏSTE

rôdant à un ou deux yards de l’endroit où elle était assise. Et il lui affermit la main sur son bras pour la conduire hors de l’église par la porte qui donnait sur le parc. Tout le temps s’inclinant vers elle, parlant volubilement, profondément intéressé par ses réponses tranquilles, avec un raffinement d’intentions tout à fait ténébreux. Elle hasardait quelques diversions dans la peur de ne le point comprendre :

— Miss Durham va bien, j’espère ?

Il répondit : « Durham ? » et dit : « À ma connaissance, il n’y a point de miss Durham. »

Elle eut l’impression que la veille il eût fait une chute de cheval qui avait porté sur la tête.

Elle lui aurait certes posé la question, si elle n’avait pas su comme il était Anglais et partant qu’il serait choqué si l’on avait pu supposer qu’un accident pût le meurtrir.

Le lendemain, il vint la prier de l’accompagner à la promenade. Il soutenait qu’elle l’avait promis, et il en appela à son père, qui ne put se prononcer, n’ayant pas entendu la promesse, mais pria sa fille d’aller prendre l’air. Ainsi elle se retrouva dans le parc avec Sir Willoughby. Il parla de ses enthousiasmes de jadis. Lorsqu’elle disait un mot d’assentiment, cela lui suffisait. Il répétait souvent : « À présent, je suis moi-même ! » Pour lui être agréable, elle magnifia la beauté du parc et du château.

Il ne parla point de Miss Durham et Lætitia n’osa pas mentionner son nom.