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CHAPITRE III

Les embarras des petits princes sont très souvent graves. On devrait parfois les citer comme exemple aux gens du commun, qui s’escriment de la fronde et de la flèche, contre les hommes les mieux favorisés de la fortune ; ils prêcheront le contentement aux misérables qui ne peuvent fournir de quoi prendre femme, ou qui l’ont fait et vaguent dans la rue, chargés de paquets, en maintenant dans la subordination des haltes, la dame et le troupeau d’enfants péniblement rangés.

En accord avec cet ouvrage, la morale est toujours bienvenue dans un pays de haute moralité, spécialement quand il s’agit de châtier le désir vicieux, quand l’inconstance est rebutée. Le jeune Sir Willoughby se trouvait aux prises avec ce dilemme : Il se trouvait entre deux dames, les seules qui eussent jamais touché son cœur, à part ses conquêtes métropolitaines, dont il convient de ne point parler.

Sensible à la beauté, jamais il n’avait admiré une plus belle fille que Constance Durham. Également sensible à l’amour-propre, il considérait Lætitia Dale comme un parangon d’habileté. Il se trouvait placé entre la rose royale et la modeste violette. Il s’inclinait vers l’une ; l’autre se penchait vers lui. Il ne pouvait avoir les deux : c’est une loi qui gouverne avec égalité les princes et les piétons. À la perte de qui se résoudre ? Sa science grandissante du monde lui enseignait la valeur des sentiments de Miss Dale, mais la beauté de Constance valait la peine d’évincer