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L’ÉGOÏSTE

sur sa maîtresse, une rapière pour vaincre son inflexibilité. De fait une jambe qui contient un cerveau, une âme. Dans ses ombres, se tapit une embuscade ; sa lumière est une surprise. Cela fait rougir, pâlir, murmurer, s’exclamer. C’est une échappée, une faible révélation, juste ce qu’il est permis de savoir, sur le dieu de l’Olympe — Jupiter jouant au chevalier du tapis.

On n’exagérera rien en disant que pour la famille de Sir Willoughby et ses fervents admirateurs, le mot de Mrs Mountstuart fit époque dans notre histoire, commémorant la date où il arriva à l’âge d’homme. N’enlevant pas un atome à ce qu’il est, il valait ce que l’on pouvait voir de mieux à la joyeuse Cour de Charles. Il dansait sous cette lumière. Considérez-en l’effet sur la compagnie.

Il avait reçu l’éducation domestique d’un prince. Les petits princes pullulent dans un pays bondé de richesses, où ils ne sont pas astreints au service militaire d’un maître impérial ; leur jeunesse, nécessairement est parfois délicate, parfois indomptable. Comme ils n’ont à remplir aucun devoir personnel envers l’État, le présent est plein de loisirs propices aux luxures, et l’avenir apparaît de même. Ainsi, sans doute, en est-il dans les pays continentaux. Par bonheur, notre climat et notre sang généreux poussent la plupart sur les terrains de chasse, à la poursuite du renard, au profit de la robustesse. De là une race de petits princes, virile et accomplie, dont Willoughby faisait un bel ornement. Il se cultivait et n’aurait pas