Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
CHAPITRE XI

Sir Willoughby surprit un sourire échangé entre sa fiancée et son cousin. Il leva la tête, sembla consulter ses paupières et il se mit à dire : « Après tout, cela me sourit de vivre en patriarche. » Il se tourna vers Clara : « Est-ce que le Rev. Docteur sera des nôtres ? »

— Mon père ? disait-elle.

— Pourquoi pas ?

— Les habitudes de papa sont d’un studieux.

— Que vous n’ayez pas à vous séparer de lui, ma chère.

Clara remerciait Sir Willoughby pour sa bonté de s’inquiéter de son père et mentalement elle analysait cette bonté. Elle ne put y déceler aucune animosité, pas d’égoïsme, quoiqu’elle en connût la présence.

— C’est une proposition à lui faire, disait-il.

— En guise de compliment ?

— S’il veut bien l’accepter pour un compliment. Ces grands savants !… Et si Vernon s’en va, que dirons-nous au docteur Middleton pour qu’il reste ? Mais c’est trop ridicule à discuter. Hé ! Vernon, pour Crossjay, je verrai ce qu’il convient de faire.

Il était prêt à entendre la réponse de Vernon par-dessus l’épaule, déjà en mouvement vers le jardin, lorsque Clara s’écriait : « Vous ferez préparer Crossjay pour la marine, Willoughby ? C’est qu’il n’y a pas un jour à perdre. »

— Oui ! Oui ! Je verrai cela. Fiez-vous à moi pour avoir l’œil sur le jeune coquin.

Il lui présentait la main pour la conduire de la