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L’ÉGOÏSTE

affirment que, par excès de matière, le livre devient abstrus ; par ainsi le miroir est terni où chacun doit se reconnaître. Il n’est de remède que le sens comique qui est en nous comme un flambeau. Ainsi la comédie devient la clef du Livre, dont elle est aussi l’harmonie. Par là, disent les sages, il est possible de condenser de longs chapitres en une maxime, des volumes en un type ; une simple situation comique, concrète, toute une partie de ce livre, qui, déroulée, couvrirait une superficie de plusieurs milliers de lieues.

Car, si nous voulons être des hommes, il faut lire. Tout au moins la page qui s’offre à nous.

Et ceux qui savent disent avec véhémence : Votre effroyable mal ne se peut guérir que par la comédie. Foin de la science ! Même l’action qui, somme toute, n’est qu’une forme de la voracité, ne peut servir.

Interrogez les battements de votre pouls. Ils sont divers. Ils gradent, telles les jambes inégales du vieux cheval Dobbin ; vont comme les baguettes de ceux qui battent les tapis ; imitent le tic-tac de la pendule, en seigneur d’arithmétique, minuit passé, à l’enfant qui veille. Le tout, malgré Bacchus. Qu’ils galopent ! Au galop vers l’Hymen, au galop vers l’Hadès ! C’est toujours la même note ! La poignante monotonie nous étreint avec les bras d’Amphitrite ; mais par diversion, un cri de guerre frappe notre tympan.

Il n’y a que la comédie ! Elle corrige la prétention, la suffisance, l’atonie et nous débarrasse de toute grossièreté. Elle civilise, polit. En douceur. Avec une