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L’ÉGOÏSTE

Il reprit : — Nous les menons l’un à l’autre, le mieux que nous pouvons… Vous le voyez, Clara, je suis prêt à des sacrifices pour le retenir.

— Que sacrifiez-vous donc ? Un cottage ? disait Clara, combative sur tous les points.

— Un idéal, peut-être ? Le sacrifice m’importe peu, ce que je veux éviter c’est la séparation. C’est pourquoi je favorise les unions. Faites servir votre influence au bien, mon amour. Je suis sûr que vous pourriez le persuader de danser la gigue écossaise sur la table du grand salon.

— Il ne faut rien lui dire concernant Crossjay ?

— Nous tiendrons Crossjay en réserve.

— C’est urgent.

— Croyez-moi. J’ai mes idées. Je ne suis pas un oisif. Ce garçon a tout ce qu’il faut pour devenir un homme de cheval émérite. Des éventualités peuvent… Sir Willoughby, tout en s’adressant à sa fiancée, semblait se parler à lui-même. — La cavalerie ? Si nous le faisons entrer dans la cavalerie, nous pouvons en faire un gentleman — qui ne nous fera pas honte. Peut-être même, dans les Gardes. Pensez-y, mon amour. De Craye, qui, j’en suis sûr, agira pour moi, si le vieux Vernon s’avise de tirer au flanc, de Craye est lieutenant-colonel aux Gardes, un parfait gentleman, peu d’intellect, il est vrai, mais fort élégant ; il est Irlandais ; vous le verrez, et je serai ravi de placer à côté de lui, dans le salon, un lieutenant de vaisseau, pour que vous compariez et puissiez choisir le modèle