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CHAPITRE IX

de craindre que l’enfant n’entre pas dans la marine.

— Il semble que l’enfant ait ça dans le sang ! Que Vernon le prenne donc, tout à fait, car je ne saurais que faire de la moitié. — Il se prit à rire. — Je suis le plaignant, je réclame le jugement du roi Salomon. Crossjay a un peu de mon sang, pas une goutte de celui de Vernon.

— Ah !

— Vous voyez bien, mon amour !

— En effet.

— Je ne me prétends pas parfait. Je supporte la provocation même poussée loin ; mais quand on m’offense je ne pardonne pas. Parlez à Vernon, si l’à-propos se présente. Je lui parlerai sûrement. Vous avez pu remarquer, Clara, quand nous rentrâmes au petit galop, un homme sur la route ; il passa sans esquisser le mouvement de porter la main à son chapeau. Cet homme est un de mes fermiers ; il cultive six cents acres ; il s’appelle Hoppner, et il doit se rappeler, en dehors de ma situation, que plus d’une fois je l’ai obligé. Son bail pour ma terre expire dans cinq ans. Je déteste la grossièreté de nos paysans, et quand elle se révèle à moi, je la punis. Vernon, c’est tout différent ; il suffira de lui parler. On dirait que le vieux compagnon ne travaille que par accès, préférant gueuser. Mon amour — il s’inclinait vers elle, cessait leur promenade — vous êtes fatiguée ?…

— Je suis lasse, en effet, dit Clara.

Il lui présenta son bras. Elle y mit deux doigts, mais