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CHAPITRE IX

Je lui envoyai une invitation cordiale. Il remercia avec courtoisie et déclina. Il est, pour ainsi dire, mon pensionné. Or, il se dit un Patterne, il est sans contredit un homme de cœur, il a de notre sang et il porte notre nom. Je crois que l’on doit m’approuver si je veux faire du fils un plus parfait gentleman que n’est le père, à mon avis, et considérant que la vie à bord, dès l’âge tendre n’a fait rien moins qu’un gentleman du père, j’estime que j’ai raison de vouloir une autre carrière pour le fils.

— Les officiers de marine… suggéra Clara.

— Il y en a, répondit Willoughby, mais ce sont des hommes de race, de noble extraction. Dépouillez-les de cette auréole, le titre d’officier de marine, et je crains que vous ne puissiez souvent les trouver gentlemen quand ils apparaissent dans un salon. Je ne dis cela que pour démontrer mes raisons de vouloir faire autre chose de Crossjay. Cela peut se faire. Le Patterne s’est révélé en sa façon de se conduire envers vous, mon amour. Cela peut se faire. Mais si je me charge de lui, je réclame des droits sans contrôle. Si j’ai à lutter avec telle ou telle personne, je ne peux faire un gentleman du sujet. De fait il faut qu’il n’ait qu’un modèle, qu’il m’écoute.

— Mais plus tard, l’établirez-vous ?

— C’est selon sa conduite.

— Voilà qui semble précaire.

— Croyez-vous que la profession choisie l’est moins ?