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CHAPITRE VIII

contrarier. C’est un bon ami pour vous et pour votre père. Il faut l’aimer.

— Je l’aime et j’aime sa figure.

— Pourquoi sa figure ?

— Il n’a pas une figure banale ! Miss Dale et moi nous avons parlé de cela. Elle croit que Sir Willoughby est le plus bel homme qui soit jamais venu au monde.

— Mais ne parliez-vous pas de Mr Whitford ?

— Oui, du vieux Vernon. C’est ainsi que Sir Willoughby l’appelle, s’excusa le jeune Crossjay en réponse à son regard de surprise. Savez-vous à quoi il me fait penser ? Je parle de ses yeux. Il me fait penser à la vieille chèvre de Robinson Crusoë dans sa grotte. Il me plaît parce qu’il est toujours le même. tandis qu’avec d’autres on ne sait jamais. Tenez, Miss Middleton, si vous allez donner sur le cricket, voici un joueur qui arrive sûr de faire ses dix séries. Il peut en attraper davantage, jamais moins, et les vieux fermiers parleront de lui dans la baraque. Voilà exactement mon sentiment.

Miss Middleton comprit qu’une illustration quelconque du noble jeu de cricket était mise en lumière pour faire comprendre les sentiments du gamin envers Mr Whitford. Le jeune Crossjay parlait avec animation ; évidemment, il y mettait tout son cœur. Mais le soleil déclinait, elle devait s’habiller pour le dîner, et elle atterrissait à regret, comme à la fin d’un jour de fête. Avant de la quitter, il lui offrit de tra-