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CHAPITRE VIII

Ce fut elle cependant qui prit les avirons au garage, car elle avait joué avec des gamins, et savait que lorsqu’ils s’occupent d’un exercice viril, ils ne sont guère disposés à écouter une femme.

— Attention, Crossjay, dit-elle. » Une obscurité dense se rabattit sur lui, comme un capuchon. Elle s’inclina en avant, pour se mettre à rire. « Petit imbécile, est-ce qu’on ne dirait pas que je vais vous faire un sermon ? » Dubitativement sa figure s’éclaira. « Je dénichais des oiseaux comme vous. J’aime les bons garçons et cela me plaît que vous soyez décidé à entrer dans la Marine Royale. Mais comment ferez-vous si vous n’avez rien appris ? Le capitaine vous questionnera, le savez-vous ? Il y a quelqu’un qui vous gâte : Miss Dale ou bien Mr Whitford.

— Ah bah ! s’exclama le jeune Crossjay.

— Alors c’est Sir Willoughby ?

— Je n’en sais rien. Je peux l’approcher.

— Je suis sûre qu’il est très bon pour vous. Vous croyez Mr Whitford sévère ? Mais il faut qu’il vous apprenne quelque chose pour que vous puissiez entrer dans la marine. Il ne faut pas le détester parce qu’il vous fait travailler. Hein ! Si vous vous étiez fait sauter aujourd’hui ? N’aurait-il pas mieux valu travailler tranquillement avec Mr Whitford ?

— Sir Willoughby m’a dit que lorsqu’il sera marié, vous ne me laisserez plus faire l’école buissonnière.

— Ah ! c’est pitié de choyer un grand garçon